Toitures siège central Crédit Lyonnais

Voici l'exemple d'un projet personnel non commandité mené de1990 à 1992, qui se révèle déterminant et m'encourage à persévérer le long de ce chemin de la photographie dite "d'auteur".

J'habite alors Paris, à la Goutte d'Or (rue de Panama, ça ne s'invente pas), et le temps est alors celui de la réflexion et des questions, à la suite des trois années passées dans le Tarn avec Pierre de Fenoyl, au cœur d'un cyclone photographique où je pense avoir fourbi mes plus belles armes à l'école du regard. S'y est inscrit un certain sens du religieux (au sens latin du terme, religere - ce qui relie - ), que je continue d'explorer 30 ans plus tard, en le traduisant dans les innombrables conversations qu'entretiennent le ciel et la terre. C'est peu de dire ici ma passion pour les théories de nuages ; ce sont bien les ciels qui sculptent et modèlent le paysage (cf la Brenne, le Vexin, le Gers...).
Les longues marches dans la Capitale, dans la proche banlieue de Saint-Ouen et la campagne proche du Vexin, quand le temps est à l'orage, se multiplient alors et dessinent mes itinéraires favoris. Mais dans la ville, où partout s'élèvent les pierres, comment se rapprocher du ciel et de ses sollicitations?
L'un de mes frères, banquier dans la place, dénouera une part de la question (grâces lui soient rendues), en me présentant lors d'un vernissage le président de la Fondation du Lyonnais qui me reçoit dans la foulée au siège central, bloc immense situé entre le boulevard des Italiens et la rue du 4 Septembre. J'obtiens l'autorisation, autant que je le souhaite, d'arpenter les toitures et l'environnement architectural de ce vaste vaisseau de guerre maillé de passerelles et de miradors.

Quelques mois plus tard, la Fondation du Lyonnais décidera d'exposer, de faire éditer  et d'acquérir l'ensemble des images réalisées. Les choses n'en restent pas là : le soir du vernissage je rencontre le très enthousiaste Gilles de Margerie, collectionneur et grand amateur du paysage gersois. C'est ici le début d'un mécénat privé (comme cela a pu se pratiquer au XVIIe siècle), plusieurs années durant, qui rend possible une immersion privilégiée dans cette partie très italienne du Sud Ouest français (Julien Gracq y évoque la "ponctuation" des cyprès, flammes noires dans le paysage).
Un ouvrage, Similitudes et contrastes, imprimé en phototypie, rend compte de cette belle aventure.
 
Extrait du rapport annuel de la Fondation du Lyonnais:
Les paysages d'un jeune photographe.
La première rencontre entre Olivier verley et le crédit Lyonnais, est d'abord celle d'une sensibilité photographique et d'un lieu magique que le jeune artiste parcourt en tout sens avec une prédilection pour l'enchevêtrement des passerelles qui maillent les toitures du siège central du boulevard des Italiens. De cet immense bâtiment du XIXe siècle, il saisit ainsi des vues de Paris, des architectures imbriquées, des toits à perte de vue.
Cette rencontre coïncidait avec la rénovation du grand hall situé au cœur du bâtiment. Ouvrage métallique dans le plus pur style Eiffel, cet espace était désormais équipé pour recevoir des expositions : il parut logique que les photographies d'Olivier Verley accompagnent l'inauguration du hall Quatre-Septembre.
Du 14 juin au 9 juillet 1994, les cimaises du hall Quatre-Septembre ont ainsi accueilli l'exposition Entre chien et loup : des images de ciels orageux et d'amoncellements de nuages permettant de révéler les sortilèges de l'espace parisien, de l'architecture du quotidien et des grandes plaines du Vexin.

Le 5 mai 1996, lors d'un incendie "d'origine volontaire",  malgré le renfort de 300 pompiers, une bonne partie des 40 000 mètres carrés de ce chef-d'oeuvre haussmannien allait disparaître en fumée.