• La Gazette : Comment êtes-vous devenu photographe ?
Olivier Verley - Grâce à une rencontre et à une amitié nouée, il y a trente ans, avec le photographe Pierre de Fenoyl, cofondateur de l’agence Vu et chargé de mission pour la
photographie au Centre Pompidou. À l’époque, et après m’être essayé à l’écriture, je travaillais dans l’édition. Pierre avait un projet auquel il m’a associé. C’est à ses côtés que j’ai découvert
le langage de l’image et la photo comme le mode d’expression qui me convenait le mieux.
• Depuis cette époque, vous avez réalisé de nombreuses expositions, illustré des livres, organisé des ateliers scolaires,
participé à des projets et à des commandes institutionnelles très divers. Quel est le fil rouge de votre travail ?
– Je m’intéresse à la vie sous toutes ses formes, au patrimoine architectural tout autant qu’aux paysages et à la manière dont ils sont traversés, occupés, transformés… À travers cette vision, je
crois que c’est la notion de temps qui m’intéresse. Le temps immobile, le temps qui passe, le temps qui modifie ce qui nous entoure. Je ne suis pas un photographe qui “shoote”, qui cherche à
saisir “l’instant décisif”. Je crois à la patience, à l’attente, au temps ralenti, à la mémoire.
• L’oeuvre que vous construisez a quel but ?
– Celui, modeste, de refléter une certaine forme de réalité que chacun peut s’approprier. Je retouche très peu mes clichés, la plupart du temps je travaille en argentique et en noir et blanc.
Cette technique est aussi un moyen de m’affranchir de l’urgence, et de laisser de la place au temps de l’imagination, sans la distraction de la couleur. Au final, pour moi, la photographie est un
moyen d’inscrire ce qui nous entoure dans notre mémoire, individuelle et collective. À ce titre, le territoire du Vexin, que j’ai parcouru et traversé dès mon enfance, est un modèle. Protégé dans
le cadre du PNR, il change, il évolue, ses habitants aussi se renouvellent et transforment ce territoire. C’est sans doute pour toutes ces raisons que, depuis dix ans, j’ai accumulé tant de
clichés qui reflètent finalement son évolution.
• Ce travail sur le Vexin évoque le dispositif “Observatoire photographique du paysage”que certains PNR ont mis en
oeuvre. Pourquoi n’existe-t-il pas dans le Vexin ?
– C’est une bonne question ! Je milite dans ce sens depuis vingt ans. J’ai rencontré les directeurs successifs du PNR, l’ex-président Gérard Claudel, les élus, dont Jean-Pierre Béquet, vice
président chargé de la Culture… Tous ont, à chaque fois, paru passionnés par le sujet, mais le projet n’a, jusqu’à, présent, pas vu le jour. Je le regrette, car c’est un formidable outil mémoriel
au service des générations futures qui permettrait d’observer l’évolution de ce territoire et des populations qui l’occupent. Dans tous les cas, je ne baisse pas les bras et je continuerai à
oeuvrer pour qu’un tel observatoire voie le jour dans le Vexin.
Recueillis par François PELOILLE
La Gazette du Val-d’Oise du mercredi 6 juillet 2011