Abbaye de Royaumont, Jardin médiéval

 

Fragments d’un jardin médiéval

Exposition photographique  
16 juin – 14 novembre 2010

Végétal contre minéral, profusion printanière et nudité hivernale… C’est le passage de l’un à l’autre, l’opposition et le dialogue des formes et des silhouettes dans cet espace clos, qu’a observés et photographiés Olivier Verley, dans le cadre d’une commande photographique que lui a confiée la Fondation Royaumont.
Durant six ans, cette observation subjective, quasi entomologique, de la transformation des végétaux au cours des saisons, a donné lieu à des images atypiques : un autre point de vue sur cette cour retirée, où l’architecture monastique s’oppose avec force à l’exubérance de la végétation qu’elle protège ; un regard d’auteur, en noir et blanc, un regard fragmentaire et volontiers infidèle, qui montre cet épanouissement comme il révèle l’étiolement et la marcescence qui lui succèdent…

Nathalie le Gonidec, responsable des archives à l'Abbaye de Royaumont.



Le jardin médiéval, c’est un petit monde en soi, un microcosme. Je tourne autour pour une année comme le font les saisons, et lui, en retour, me trotte dans la tête.  Cela commence par la neige qui efface tout sauf la rumeur « positive » de chaque pousse, isolée et comme mise au secret dans sa chambre noire. « On dit » qu’il va faire beau et qu’en attendant les graines sont au chaud sous la neige. Le printemps bientôt les révèle, il y a des grains d’argent dans l’air, des fièvres de photosynthèse. Vient le règne visuel et olfactif des discrets, des exubérants.
Un jardin médiéval, c’est le poème des simples, des plantes médicinales. Du pavot, pavé de bonnes intentions, à l’absinthe (en grec absence de plaisir…). A Royaumont, dans l’enclos du jardin qui fait écho à l’intimité du cloître, j’ai vu grandir peu à peu des brassées d’oreilles d’éléphant, plantées là pour distraire et éventer les ancolies.
Je poursuis ici, en photographe, l’œuvre d’un arrière-grand-père phytothérapeute que je ne connais que par ses ouvrages réédités. Hommage donc, et continuité par l’image, une photothérapie en quelque sorte…


Olivier Verley