BESTIAIRE

Nul n'est censé ignorer l'oie

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Le bestiaire rassemble un florilège de ces chers animaux entrevus, qui parfois m'autorisent à les regarder, et dans de plus rares cas à les fréquenter.


Aux tours gratuits qu'ils m'octroient, chacun dans son étrange manège, vont mes sidérations et une gratitude dont ils n'ont souvent que faire.
Et c'est très bien ainsi.

O.V.

Le camp, 8 décembre 2010

 

Le "camp", à deux pas de mon atelier, est situé sur le plateau d'Auvers. Il accueille en résidence quelques centaines d'oies quand vient le temps des réjouissances et des fêtes de fin d'année. Bien qu'elles soient éloignées du Sud-Ouest dont le climat ne leur est guère favorable, elles manifestent quelque inquiétude. En un mot elles ne sont pas tranquilles, elles ont les foies. Chaque année, à cette époque, je vais au grillage qui nous sépare pour distraire les nouvelles venues.

Oui, nul n'est censé ignorer l'oie. O. V.

 

Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures n’est pas une “chute” de Shoah, un segment qui ne serait pas rentré dans la figure d’ensemble. Sobibor est un autre film, qui a son autonomie et sa construction propre. Si l’entretien de Lanzmann avec Yehuda Lerner date de 1979, lors d’une des campagnes de tournage pour Shoah, le récit du révolté a appelé d’autres images, un nouveau voyage, qui va de Varsovie à Sobibor en passant par Minsk. Comme dans Shoah, il s’agit d’incarner les paroles du témoin dans les lieux de son histoire. Malgré les plaques commémoratives et le petit commerce du souvenir, ces lieux resteraient indéchiffrables sans elles. Les mots de Lerner, qui raconte son périple et ses huit évasions avant son arrivée à Sobibor et la révolte du camp proprement dite, se déposent sur eux et leur permettent ainsi d’accéder à la mémoire. Le film ne cessera plus de décliner ce thème, fondateur de toute l’œuvre de Lanzmann : la puissance de la parole.

En confrontant le témoignage de Lerner aux endroits de sa survie, en le mettant en scène, sur le lieu même du crime, Lanzmann enregistre aussi ce qui est toujours là, et tombe sur un gigantesque troupeau d’oie, au bruit effrayant. Quand le récit de Lerner se met à lutter avec le vacarme, par un effet de mixage, le film trouve son parfait point d’équilibre, une représentation qui n’a rien à voir avec l’illustration plate ou la tentation le plus souvent odieuse de la reconstitution. Lanzmann ajoute alors au témoignage de Lerner un élément intangible de la bande-son de l’horreur : ces cris d’oies dont la fonction était de couvrir les hurlements des déportés quand ils découvraient les chambres à gaz, afin que les victimes suivantes ne soient pas effrayées.

 

Visite à Monsieur Rat 2012

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Monsieur Rat.

 

Monsieur Rat est de retour parmi nous, après une vingtaine d'années passées entièrement seul dans cette partie supérieure des granges dont l'échelle vermoulue ne permet plus qu'on y accède.

 

Monsieur Rat est de retour parmi nous depuis que la grange s'est écroulée.

Monsieur Rat de nouveau, donc, parmi les hommes.


Le leurre du corbeau 2012

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Je déclare mon amour aux corbeaux. La télévision m’apprend une chose que j’ignorais absolument, que certains ornithologues ont assisté chez eux à ce qui ressemble à des funérailles, qu’à la mort d’un des leurs, les corbeaux se rassemblent autour de la dépouille et observent plusieurs minutes de silence avant de s’envoler sans bruit. Dieu merci, si l’humanité disparaît la première, l'une de ses meilleures inspirations survivra encore un peu, grâce aux corvidés.
Olivier V.


Un soir, les corbeaux. Plateau d'Auvers-sur-Oise 2011

Cave canem, Bruges 2013

Les africains 1990

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J'ai découvert les africains géants lorsque j'habitais le quartier de la Goutte d'Or à Paris, et je suis sorti de l'épicerie africaine avec quelques-uns d'entre-eux, passablement démoralisés.

 

Les ai requinqués et soignés dans l'évier de la rue de Panama.

Alors nous avons pu jouer ensemble au jeu des grands navires somptueux qui prennent le large et glissent avec majesté sur le corps ému de mes amis ravis.


Le rappel des oiseaux : les étourneaux 2010

©Olivier Verley.

 

2 courts métrages sur une série de 3, dont 2 qui illustrent le vol des bandes d'étourneaux sur le plateau d'Auvers-sur-Oise, et un troisième qui montre ici les évolutions de ces mêmes oiseaux au-dessus du centre-ville de Cergy-Pontoise.Etourneaux des villes, étourneaux des champs, donc, qui m'auront donné le tournis.
Vidéos réalisées selon un protocole invariable et précis : respecter la prise telle qu'elle a été spontanément filmée (sans autre montage que celui nécessaire à la présentation de début et de fin). 
Ces 3 court-métrages ont été réalisés à partir de l'habitacle de mon automobile, vitres ouvertes ou non, dans une sorte de précipitation instrumentalisée par le ballet capricieux des oiseaux eux-mêmes, et tandis que, simultanément les accompagnait (les dirigeait ?) une musique préalablement choisie, à mes ordres dans son lecteur.Il s'agit du Rappel des oiseaux, composé par Jean-Philippe Rameau, avec deux interprétations, l'une par Emil Gilels et l'autre par Robert Casadesus.Il est à signaler que J.P. Rameau fut un compositeur particulièrement exigeant : il passe pour avoir un jour, en visite chez une dame, jeté par la fenêtre un petit chien jappeur et énervant, au prétexte qu'il « aboyait faux ». Il semble que le peuple des oiseaux ait trouvé plus de grâce à son oreille.

Huppés, les vanneaux 2013

Visite à Monsieur Lama 2012